3) Le Forum des Artistes et Intellectuels Algériens 

Le FAIS (Forum des Artistes et Intellectuels Algériens) prévu initialement à Toulouse, s'est déroulé à Paris les 23 et 24 septembre 1995, au théâtre de la Villette. Cette rencontre dont Ayda fut partie prenante et coorganisatrice avait pour objet de rassembler des individus venant d'horizons différents, mais attachés à un idéal commun la démocratie. Elle a été l'occasion de réunir de très nombreux Algériens exilés ou non de plusieurs pays d'Europe et d'Algérie. L'idée de départ était de rassembler une assemblée importante afin de pouvoir confronter les points de vue différents et de " favoriser une réflexion et une action unitaire [et] d'appeler à l'union de toutes les forces opposées à la dictature intégristo-fasciste à l'intérieur comme à l'extérieur [de l'Algérie]72 ".

L'organisation de ce forum a été prise en charge par un comité parisien aidé par le MRAP et " cofinancé par Ayda73 ". Tout au long de la préparation de cette manifestation, le FA ". IS a souhaité émettre des textes d'orientation afin de travailler dans " la clarté dès le début ". Cependant, la position élaborée au cours de ces réunions de préparations et soumise à l'assemblée réunie les 24 et 25 septembre occulte une partie du courant démocrate algérien - celui qui a signé les accords de Rome-. Le rejet des ces accords est clairement énoncé dans ce texte préliminaire : " [les Accords de Rome] constituent à nos yeux une plate-forme d'abdication et non de dialogue, une plate-forme de compromission devant la terreur de l'intégrisme, lequel ignore ce qu'est un compromis ".

Cette ligne de conduite a entraîné un choix sélectif dans les participants. Outre les invitations individuelles lancées aux exilés algériens en Europe, le FAIS a souhaité donner une tribune à de nombreuses associations algériennes se battant pour la démocratie. Quelques six partis politiques furent invités, représentant l'opposition démocratique : le MPR Mouvement Pour la République, le RCD Rassemblement pour la Culture et la Démocratie, l'ANR Alliance Nationale Républicaine, Ettahadi, le PADS Parti Algérien pour la démocratie et le socialisme et le PRA Parti Républicain Algérien. Ces partis politiques ont envoyé un de leurs représentants. On note leur opposition résolue aux accords de Rome. L'UGTA l'Union Générale des Travailleurs Algériens s'est jointe au forum en compagnie de ces organisations politiques. La société civile algérienne était représentée par de nombreuses associations de jeunes (à l'image de RAJ Rassemblement Action Jeunesse) ou d'organisations luttant pour le droit des femmes (FAUED, AFEPEC par exemple). Ce panel diversifié a permis d'apporter une diversité dans la vision de la lutte pour la démocratie en Algérie. La presse algérienne a été sollicitée par l'intermédiaire des quotidiens El Watan et Le Matin.

Les organisations de solidarité avec les exilés algériens en France ont participé à ce projet en servant de relais auprès des exilés eux-mêmes. En effet elles ont permis à nombre d'entres eux de participer à ce forum et d'assurer la logistique financière. Plusieurs parmi elles sont implantées en Ile de France (neuf sur vingt) et elles ne couvrent pas l'ensemble du territoire. Des réseaux de portée nationale comme le GISTI (Groupe d'Information et de Soutien des Immigrés) ou bien encore du MRAP (coorganisateur), la Cimade ou bien encore Citoyens Solidaires. Les partis politiques de sensibilité de gauche ont été invités afin de leur permettre d'entrevoir une vision beaucoup moins conventionnelle de la question algérienne. Ainsi ont été conviés le Parti Socialiste, les Verts et le Parti Communiste. Les grandes centrales syndicales telles que la CGT, la CFDT, le SNJ ou encore la FSU participèrent à ce forum afin d'apporter leur expérience et leurs aides notamment sur la question épineuse de l'emploi pour les exilés.

A titre d'observateur, le FAIS a souhaité la présence du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, de l'Office français pour la Protection des Réfugiés et Apatrides, ou encore de l'association France Terre d'Asile et de SOS Racisme. La couverture médiatique a été assurée par le Figaro et la journaliste Marie-Ange Poyet, le Nouvel Observateur (Mme Chemla) ou bien encore l'Humanité et le mensuel " Regards ".

Les travaux se sont déroulés sur deux jours et ont adopté une organisation simple. Chaque séminaire était régulé par un bureau constitué d'un modérateur et de trois personnes chargées du secrétariat (dont un rapporteur) par journée. Il était chargé du rôle de porte-parole officiel de la rencontre.

Cent-cinquante participants se sont ainsi retrouvés durant ces deux jours et ces intellectuels, militants algériens exilés ou non, personnalités et associations engagées au côté de l'Algérie démocratique ont fait converger leurs travaux vers des positions et des actions communes. C'est ainsi qu'ils ont lancé un appel à la solidarité avec le peuple algérien et la lutte qu'il mène pour l'instauration de la démocratie. Intitulé " Appel à l'opinion internationale, pour une Algérie républicaine et démocratique " cet appel-pétition exprime la position du FAIS de rejet de l'intégrisme islamiste et de toutes les alliances conclues avec lui (les accords de Rome) et prône un soutien sans faille au peuple algérien qui refuse de voir son pays régi par la loi divine (la Shaâria). Cette conclusion de deux jours de travaux s'est élaborée autour de cet appel diffusé à l'échelle mondiale.

L'organisation d'une telle manifestation a sollicité de lourds engagements financiers et a nécessité la mobilisation de personnalités de soutien. Il en est ainsi de plusieurs représentants du monde culturel tel que Costa Gavras, André Glucksmann, Mohamed Hondo ou bien Gilles Perrault. Plusieurs hommes et femmes politiques ont été sollicités par le FAIS afin de pouvoir donner à cet appel une résonance beaucoup plus élargie au niveau national et international. Danielle Bidard, Alain Minkowski ou encore Georges Sarre ont accepté de soutenir cette initiative. Il en a été de même de la sénatrice de Haute-Garonne Maryse Bergé-Lavigne qui a posé son nom au bas de cet appel. Elle a participé sur le plan financier en contribuant à la diffusion de la pétition et permis la circulation de l'information au sein de la collectivité parlementaire. Ayda a envoyé quelques représentants de l'association parmi les exilés algériens. Ils ont participé aux débats de ce Forum et on trouve dans le cahier de Compte-rendu des Assemblées Générales des militants le fait qu'ils ont pu présenter le journal Asma à l'assistance.

Ce Forum des Artistes et Intellectuels Algériens a permis à de nombreux exilés de pouvoir établir des propositions communes au-delà de leur différence, de montrer une vision d'une Algérie ouverte et résistante à l'intégrisme et plus simplement encore d'avoir la possibilité de rompre l'isolement dans lequel ils étaient. Cette manifestation dans laquelle Ayda s'est investie n'a pourtant pas débouché sur des initiatives plus poussées de rencontres à long terme.

 

4) La caravane des associations 

Cette " caravane " d'associations démocratiques algériennes a pris naissance de manière originale lors d'un déplacement à Alger de la part de Georges Rivière et Hassina Hamaïli . En décembre 1997, les membres d'Ayda assistent à une réunion à la maison de la presse " Tahar Djaout " et sont porteurs de trois projets distincts afin de proposer de tenter d'élaborer des ponts solides entre les deux rives de la Méditerranée. L'un d'entre eux était la venue du groupe ZEBDA lors de la semaine du 8 mars 1998 à Alger afin d'organiser des concerts en solidarité avec la lutte des femmes algériennes et d'établir ainsi un lien artistique et festif entre la France et l'Algérie. Un second projet se proposait d'établir un lien avec une bibliothèque de Villefranche de Rouergue en Aveyron et une association algérienne. Ces différentes organisations adoptèrent avec plaisir le principe de ces rencontres, mais à l'initiative d'un représentant de l'association " Tharwa n'Fadhma n'Soumer " l'idée d'une caravane d'associations démocratiques algériennes se déplaçant dans plusieurs villes de France est apparue primordiale. En effet, elle matérialisait ainsi le désir profond de faire connaître un visage différend de l'Algérie et de permettre d'établir des contacts plus humains et plus approfondis avant de se lancer dans la réalisation d'un projet.

C'est ainsi que petit à petit va se mettre en place cette idée.

L'association Ayda a apposé son accord de principe pour la bonne marche du projet mais très peu de militants s'y investirent. On retrouve bien évidemment Georges Rivière et Hassina Hamaïli, ainsi que Paul Chiésa et quelques autres. L'organisation d'un tel projet impliquait de lourds investissements tant du côté français que du côté algérien. Les contacts en France furent établis par l'intermédiaire de POUR ! afin de proposer ce projet aux associations de solidarité avec les exilés algériens qui pouvaient en assurer la gestion. Le choix des 14 villes s'est fait en fonction du timing, mais aussi dans un souci géographique de ne pas laisser de régions sans manifestations.

Il y eut ainsi des regroupements régionaux tels que Lyon et St Etienne par exemple, qui sont aisément compréhensibles. Au final, la caravane s'est étalée sur un mois, a parcouru 14 villes et a proposé plusieurs activités en établissant un maillage important du territoire. La carte ci-dessous détaille le parcours de la caravane.

Ce projet s'est développé grâce à l'implication importante de plusieurs associations voyant là l'intérêt majeur d'une telle réalisation. C'est autour des rencontres nationales de POUR ! à Paris que la possibilité d'un tel Tour de France a pu voir le jour. Dans chaque région s'est établie une association et une personne relais pour optimiser cette coordination. La centralisation s'est effectué à Toulouse par l'association Ayda (Georges et Hassina) qui a ouvert une ligne téléphonique et une ligne de télécopie spécifique pour ce projet et organisé une permanence 2 jours par semaine, durant toute la période.

Du côté algérien, la centralisation s'est effectuée grâce à l'association Tharwa n'Fadhma n'Soumer qui a proposé ce projet à de nombreuses associations travaillant sur le terrain. Plusieurs critères ont permis de faire un choix devant les multiples demandes qui leur sont parvenues. On les retrouve de manière très détaillée dans la plaquette de présentation effectuée à l'occasion. Ainsi on apprend que les associations ne devaient pas " être l'expression d'une pensée confessionnelle ", ni " l'expression des points de vue d'un parti politique ". Le caractère non gouvernemental est apparu comme indispensable.

Enfin ces associations devaient être porteuses " au travers de leurs actions, d'une Algérie démocratique, ouverte au monde et être l'expression de la diversité, de la création, de l'égalité des droits et de la justice sociale ". Le choix géographique s'est établi dans un souci de représenter la plus grande diversité possible à travers le pays et le maillage régional est assez important du fait des difficultés que les associations ont rencontrées. On retrouve ainsi des villes comme Alger (la capitale incontournable) ou encore Bejaïa, Tizi-Ouzou, Oran, Blida, Tiaret ou Beni-Abbes. Cependant l'organisation d'une telle entreprise a engagé des frais importants.

La question du financement est apparue tout de suite comme une possible entrave à la réalisation de la caravane. Plusieurs subventions ont été demandées, chaque association d'accueil a participé au financement et des soirées de soutien ont été organisées pour obtenir des fonds. Le budget total s'est élevé à 194 900 francs. Plusieurs subventions ont permis un apport d'argent conséquent :

- le ministère des affaires étrangères a donné 60 000 F

- le centre culturel français a donné 30 000 F

- le Conseil Général de Haute-Garonne a donné 40 000 F

- le Conseil Régional de Midi-Pyrénées a donné 30 000 F

Les associations d'accueil ont eu à leur charge certains frais de repas, de bureautique et de l'organisation dans leur ville des manifestations. Les associations algériennes ont participé à hauteur de 10 000 francs pour payer les billets. Mais des manifestations de soutien ont été organisées afin de récolter des fonds. Ayda en relation étroite avec le collectif lotois de soutien au peuple algérien a coorganisé une soirée pour l'Algérie. Dans le cadre du Festival le Chaînon manquant le 28 mars 1998, plusieurs manifestations ont eu lieu à Cahors. De 18 heures à 20 heures de nombreuses organisations (Les Verts, la Confédération paysanne, la CGT, la LCR, le MJC, Ras l'front, Tackticollectif) ont débattu autour du thème de l'Algérie et de la situation actuelle avec plusieurs réfugié(e)s. La soirée s'est poursuivie par un concert d'un groupe local Clotaire K le Posse et du groupe toulousain Motivés avec Zebda. Cette initiative a permis de récolter plus de 90 000 francs, dont 10 000 sont revenus aux groupes musicaux pour assurer leur défraiement, 30 000 au collectif lotois afin qu'il puisse organiser la venue de la caravane à Cahors et les 50 000 restants à l'association Ayda pour le projet caravane. Cette soirée a été l'occasion de présenter le projet à la presse par les organisateurs français et algériens qui avaient fait le déplacement d'Alger. En Algérie aussi l'association Tharwa n'Fadhma n'Soumer a organisé des soirées culturelles afin d'assurer une aide financière à certaines associations privées de gros moyens de financement. Un concert du groupe Idheflawen et la représentation de la pièce de théâtre le Butin d'Amida Aït el Hadj dans la semaine du 11 au 15 mai 1998 a permis de recueillir des fonds, reversés au projet.

Cette caravane d'associations démocratiques algériennes a été sous-titrée " caravane de l'espoir " afin d'être le point de départ d'une solidarité nouvelle. La phrase de Kateb Yacine inscrite en préface du dossier de présentation résume l'esprit de cette initiative : " Il faut que notre sang s'allume et que nous prenions feu pour que s'émeuvent les spectateurs et pour que le monde ouvre enfin les yeux non pas sur les dépouilles mais sur les plaies des survivants. " C'est ainsi qu'au-delà de la seule représentation d'une Algérie meurtrie en proie à la violence que laissent transparaître les grands quotidiens français, cette caravane a permis de porter une image originale de la société civile algérienne et de l'action créatrice de ces associations dans de multiples domaines. Elle a permis d'offrir une précieuse tribune à cette vie sociale algérienne en pleine effervescence. Ce projet n'est pas réducteur et fait fonction d'interface entre le mouvement associatif français et le mouvement associatif algérien. Il est porteur d'un premier maillon permettant d'établir des passerelles transméditéranéennes, d'être " l'outil d'une dynamique génératrice d'initiatives et de travail en commun qui concerne chaque association d'Algérie et de France74 ". Cette initiative fut l'une des plus grosse réalisation d'Ayda. Elle a permis de présenter les potentialités de la société algérienne, dans l'espoir de faire transparaître les idées de tolérance et de progrès à l'encontre de la communauté algérienne en France. Répondant aux besoins d'une nécessité de diffusion d'associations algériennes, cette initiative est devenue " la propriété de tous ceux qui s'en sont saisis75".

L'organisation matérielle de cette caravane a nécessité plusieurs mois de travail. Elle a entraîné la monopolisation d'un autocar durant toute la période et la mobilisation de plusieurs dizaines de personnes en France et en Algérie. Plusieurs aller-retour ont du être effectués entre Toulouse et Alger afin de finaliser le projet. La couverture médiatique de la caravane a été effectuée tant en Algérie qu'en France de manière plurielle. La presse algérienne a été partenaire de ce projet grâce à l'investissement du quotidien " La nouvelle République ", de " Quotidien d'Oran " et du journal " El Watan ". Les journaux " Le Matin ", " Liberté " et " Le Jeune Indépendant " assurèrent aussi la couverture de l'événement.

Ils ont publié plusieurs articles de présentation du projet76 et ont suivi pendant tout le mois d'octobre le périple à travers la France. Du côté français, la Dépêche du Midi a suivi très attentivement cette aventure en y consacrant plusieurs articles, notamment lors de la soirée à Cahors et pour la remise des chèques de soutien à Ayda. Elle a ensuite réalisé plusieurs reportages lors de la venue de la caravane à Toulouse et dans la région en octobre 1998. L'organe de presse Témoignage chrétien s'est investi énormément dans la réalisation de ce projet et a délégué un de ses journalistes afin de suivre la caravane au cours de son périple. Il a ainsi consacré une pleine page lors de son édition du 23 avril 1998 avec pour titre " une caravane entre Alger et Toulouse ", " tous les jours, loin des caméras et des discours, des militants de l'ombre se battent pour faire avancer la démocratie en Algérie. " Cette phrase a été reprise dans certaines plaquettes de présentation de la caravane et notamment dans celle de Limoges. L' A.F.P. a aussi participé à ce projet en réalisant plusieurs interview de militants algériens et français et en diffusant l'information.

La caravane proprement dite était constituée de quarante et une personnes aux quelles venaient s'ajouter deux membres d'Ayda. Elle était composée de douze associations, trois journalistes, de cinéastes, d'une troupe de théâtre, d'un groupe de musique et d'un conférencier. Ces associations peuvent être présentées en adoptant une approche thématique. Mais il est souhaitable de débuter cet exposé rapide par l'association organisatrice algérienne Tharwa n'Fadhma n'Soumer.

Fadhma n'Soumeur (Exposition d'Ayda) photo personnelle

En arabe cela signifie " les héritiers de Fadhma n'Soumer ". Cette organisation a été créée en 1997 par des femmes appartenant à l'opposition démocratique et militant pour l'abrogation du Code de la Famille et l'égalité des droits. Son originalité provient de la mixité dans son recrutement qui en fait la seule en Algérie à accepter les représentants de la gent masculine dans ses rangs. Le nom fait référence à Fahma n'Soumer, une femme qui prend une place importante dans l'imaginaire algérien. Elle conduisit en 1857 un soulèvement de plus de 7 000 hommes contre l'occupant français et le général Rodon. Elle est devenue le symbole de la lutte des femmes algériennes réussissant à briser les tabous du XIXème siècle.

La lutte des femmes était représentée par l'association Tharwa n'Fadhma n'Soumer qui proposait un historique et une réflexion sur le mouvement associatif féminin et une exposition de dessins d'enfants. Elle était secondée par l'A.E.F. Association pour l'Emancipation de la Femme (militant pour l'abrogation du code de la famille, de portée nationale) qui présentait une conférence sur " femmes et loi ". Le thème de l'éducation était représenté par deux associations ; l'une était de Tizi-Ouzou Association Stambouli . Cette fédération de parents d'élèves a fait un état des lieux de l'école algérienne. La deuxième, Le Petit Lecteur d'Oran, œuvre pour la promotion de la lecture pour enfants et présentait un état des lieux dans son domaine et menait une réflexion sur le goût de la lecture chez l'enfant. La fondation Belkenchir (du nom du pédiatre assassiné par les islamistes en 1993) travaille sur la protection des droits de l'enfance à partir de la déclaration universelle, et a, pendant la caravane, présenté la situation algérienne sur les droits de l'enfant. Elle est basée à Alger. L'association Djazaïrouna (notre Algérie en arabe) représentait le thème des victimes du terrorisme. Sa zone d'intervention est basée dans la Mitidja et a expliqué tout au long de la caravane le travail de terrain qu'elle effectuait auprès des familles victimes du terrorisme. L'association des femmes médecins d'Oran a apporté le témoignage du travail qu'elle effectue auprès des sidéens et a proposé un témoignage vidéo sur un malade atteint du Sida, victime de la double peine et qui été expulsé par les autorités françaises. La jeunesse algérienne était représentée par l'association Etre d'Alger, composée de jeunes qui ont présenté une exposition sur la situation des jeunes en Algérie. La Fondation Asselah (directeur de l'ESBA assassiné avec son fils en mars 1994 par les islamistes) par l'intermédiaire de la venue des étudiants de l'Ecole Supérieure des Beaux Arts d'Alger (ESBA) a permis de présenter une exposition de photo sur le travail de cette école. Abdenour Abdelsellem a, quant à lui, présenté une conférence sur la culture berbère en exposant un rapide rappel historique et décrivant les enjeux actuels et les perspectives à envisager dans la reconnaissance de la culture amazigh. L'association Nationale pour la Défense et la promotion de l'Emploi basée à Alger a réalisé une exposition de ses activités depuis sa création. Le thème de l'environnement était développé par deux organisations, l'une basée dans la wilaya de Tiaret, " Espoir vivant " s'occupant de la protection de l'environnement et développant des thèmes sur l'écologie et l'autre " association pour la survie dans le désert " venant de Béni-Abbes, présentant au sein de la caravane la structuration d'un oasis et le travail effectué autour. La presse algérienne était présente par l'intermédiaire de trois journalistes dont un responsable de la Fédération Internationale des Journalistes, Lazhari Labter. Il était accompagné de Djamila Kourta, journaliste à El Watan et d'Hakima Chekir travaillant à La Nouvelle République. Ils ont pu ainsi présenter tout au long de la caravane, une situation de la presse algérienne et leur combat pour la liberté de la presse.

Cette caravane était aussi constituée d'une partie culturelle représentée par trois courts métrages de Houria Saihi sur la résistance des femmes algériennes : " Femmes violées ", " Algérie en femmes ", et " Amel, ou refus du silence ". Elle était complétée par un long métrage de Amrouche Mehmel " Mariage par annonce ". Le Collectif culturel Création et progrès de Béjaïa avait effectué le déplacement avec une pièce de théâtre " Coulisses " jouée par deux acteurs et mettant en scène un comédien et son double réfléchissant sur leur rôle dans la société. Une projection de diapositives a été organisée (" Soleil levant de Tamanrasset) retraçant la vie des Touaregs. Un spectacle musical (groupe de quatre musiciens) par la troupe Tindy présentait une culture plutôt méconnu de la musique algérienne : la musique touareg.

Chaque ville a reçu la caravane sur deux jours et a organisé à sa guise les différentes manifestations prévues par les participants. De par la palette des activités proposées, plusieurs ont eu lieu en parallèle. La caravane a été reçue par les autorités locales et les institutions territoriales lorsque ces dernières étaient partenaires. C'est ainsi le cas du Conseil Général de Haute-Garonne qui a organisé une réception le premier octobre 1998 à l'arrivée des membres de la caravane. A Toulouse par exemple, outre la partie privée de contacts directs entre les associations, un programme de présentation au public de la caravane avait été réalisé sur trois jours. Le premier soir a été consacré au thème de l'identité amazigh avec la projection du film " La montagne de Baya " de Azzedine Meddour au cinéma le Cratère suivi d'un débat animé par Abdenour Abdesellam, membre de la caravane, et d'un militant de l'association toulousaine SIFAW. Le combat des femmes algériennes pour la démocratie et leur lutte contre l'intégrisme a été l'objet d'une soirée organisée à la Fédération des Œuvres Laïques, autour de la cinéaste Houria Saihi et de ses trois films documentaires. Enfin, afin d'assurer le côté festif de l'aventure, à l'initiative du Tackticollectif et du groupe Zebda, l'ensemble de la caravane a été invitée lors d'une soirée Salsa avec un groupe cubain au Bikini, salle de spectacle toulousaine, le vendredi 30 octobre.

Le chemin du retour vers Alger a été engagé le 2 novembre 1998 après un mois de périple à travers la France, de très nombreux contacts établis et la possibilité de voir de nombreux projets se réaliser. Le bilan financier de cette caravane s'est avéré être en équilibre au niveau du budget central. Cependant cette caravane a cristallisé au sein d'Ayda plusieurs positions opposées sur la manière de poursuivre la solidarité avec l'Algérie et a été le déclencheur de plusieurs départs dont celui des initiateurs du projet, Georges Rivière et Hassina Hamaïli.

Cette aventure extraordinaire, réalisée sur un mois, a permis de faire découvrir un autre visage de l'Algérie et d'initier de nombreux projets afin de renforcer toujours plus les liens entre ces deux pays. Encore aujourd'hui de nombreuses initiatives voient le jour à l'image du partenariat entre l'association toulousaine ARCAM et le Petit Lecteur d'Oran dans le cadre du salon du livre d'Oran.

 

 L'association Ayda a assuré un soutien capital aux exilés algériens et à leur famille en s'investissant sur plusieurs plans et en ne privilégiant pas le côté humanitaire ou le côté politique. Elle a mené de front ces deux activités en essayant ainsi d'apporter une aide matérielle indispensable et en offrant la possibilité aux réfugiés de continuer leur combat pour la démocratie à travers ces multiples manifestations. Le journal Asma illustre cette tribune qu'a essayé de développer Ayda. L'association a entrepris à travers plusieurs de ses activités de créer des passerelles entre les deux rives de la Méditerranée( dont la caravane en est l'expression concrète) et a ouvert des perspectives de rapprochement et de compréhension entre deux cultures qui ont tendance à s'ignorer, voire à s'exclure.