Cette association, née dans l'urgence en 1994, a su, malgré toutes les crises qu'elle a traversées, maintenir son action et son identité. Créée en raison du besoin de réagir, de ne pas rester passif face aux massacres perpétrés de l'autre côté de la Méditerranée, Ayda a, dès le départ, mis en avant son indépendance vis à vis des partis politiques et organisations françaises et algériennes. Venus d'horizons politiques et culturels différents, ses membres ont peu-être permis d'affirmer plus facilement cette diversité. Par son travail et ses multiples activités, Ayda a très rapidement conquis une place essentielle dans le milieu associatif toulousain et dans celui du grand Sud. Ce foisonnement d'actions, l'a conduite à sensibiliser l'opinion publique sur le drame algérien et sur l'accueil des réfugiés à Toulouse. Cette activité essentielle de soutien matériel et moral aux exilés et à leurs familles a constitué l'un des axes le plus important de son développement. Elle a su susciter des élans de générosité remarquables et de toutes natures. Le donneur anonyme lors d'un meeting, le récital du pianiste Hakim Bentchouala-Golobitch, l'investissement du groupe Zebda ou bien encore les recettes d'Utopia, sont autant de gestes de fraternité qui ont permis à l'association de continuer son aventure pour soutenir les démocrates algériens et au-delà, la prise de conscience que la démocratie peut-être partout en danger.
Ayda a impulsé plusieurs expériences de rapprochement de ce mouvement associatif au niveau régional et au niveau national avec la coordination Grand Sud et le regroupement autour de la revue POUR !. Ces initiatives plus au moins réussies ont permis de porter plus haut et plus loin la voix de ces exilés en organisant des projets de portée plus élargie.
Mais toutes les activités, les conférences et les débats que les militants ont initiés, au cours de ces six ans, apparaissent comme une aventure humaine. Ces hommes et ces femmes qui se sont engagés dans ce combat pour la démocratie en Algérie et l'amitié franco algérienne, ont soulevé de très nombreux élans de générosité, en dépit de tous les obstacles qui se sont trouvés sur leur route. Malgré les crises internes et le départ de plusieurs de ses membres, Ayda est apparue comme un passage important dans l'engagement de ces individus. Attachés pour des raisons diverses à l'Algérie et aux Algériens, ces hommes et ces femmes ont poursuivi leur besoin d'action dans des associations qu'ils ont créées. Il en est ainsi de Zaïda Radja Mathieu et de son association COMMED qui travaille avec l'immigration algérienne ; de Zoubir Naït-Hamouda et de l'association Atlas qu'il a créée en 1996 ; mais aussi de Georges Rivière qui a perpétué son engagement vers l'Algérie en créant l'association ARCAM. La poursuite de leurs actions dans des structures tournées vers l'Algérie montre l'attirance qu'exerce ce pays et ces habitants sur ces militants. La venue de ces démocrates algériens à Toulouse dans l'urgence et le dénuement, le soutien qu'ils ont reçu, ont crée des liens émotionnels d'une grande intensité qui restent gravés dans les mémoires.
L'évolution politique de la situation algérienne depuis près d'un an a eu pour conséquence de restreindre fortement les arrivées de réfugiés. La raison d'être d'Ayda - l'accueil des exilés - s'est peu à peu affaiblie. Cependant, l'association continue de porter assistance aux réfugiés qui sont à Toulouse et qui nécessitent encore son aide. L'intensité de ce vécu, les émotions partagées et les actions au quotidien ont obligé les membres actuels d'Ayda, sous peine de reniement, à rebondir et à réfléchir pour assumer cet héritage. Ils tracent actuellement de nouvelles perspectives de travail et infléchissent leurs actions afin de toujours défendre les démocrates en Algérie. L'association envisage d'organiser une semaine d'information sur l'Algérie chaque année. Ce serait l'occasion d'inviter les représentants de cette mouvance et de leur donner la possibilité de s'exprimer et de débattre. Ces manifestations se dérouleraient sur Toulouse et sa région et permettraient de poursuivre et d'amplifier la lente marche vers une meilleure information sur l'évolution de ce pays si proche. Ayda consacrerait son énergie tout au long de l'année à la préparation de cette semaine algérienne.
Ainsi l'aventure humaine qui a débutée un jour d'avril 1994, pour qu'un voile noir ne recouvre pas la démocratie, continuera, afin que la fraternité soit vécue et partagée entre les deux peuples.