c) Les expositions et les manifestations

Premier panneau de l'exposition. (Archives Ayda 1996) photo personnelle

Ayda a réalisé en 1996 une exposition retraçant l'ensemble de l'histoire algérienne de l'antiquité à nos jours. Composée de 10 panneaux, elle met en image l'histoire de l'Algérie en donnant une large place au XXème siècle. Elaboré sur des planches d'aggloméré recouvertes de feuilles blanches, chaque panneau est constitué de photos et de textes présentés de manière identique. La maquette de chaque panneau a été conçue sur la même trame : un titre qui résume le panneau, plusieurs photos et dessins légendés et un texte explicatif centré en bas. Georges Rivière explique la difficulté et les multiples discussions qu'il y a eu autour des textes de l'exposition. En effet, retracer l'histoire de l'Algérie en essayant de prendre en compte toutes les sensibilités au sein d'Ayda n'a pas été chose facile. C'est ainsi que les textes de chaque panneau ont été débattus dans les Assemblées Générales par les militants. Ainsi pour le troisième panneau, on peut noter un rectificatif apporté sur le texte dans le cahier de compte-rendu de la réunion du 24 avril 1996 " De sanglantes luttes internes aboutissant à l'élimination de plusieurs dirigeants est remplacé par malgré de violentes luttes internes, la création du GPRA… " Le travail autour de la réalisation de cette exposition s'est faite entre " Kamel, Kathy, Zoubir, Farida et Aïsha45 ". Le budget pour réaliser cette exposition s'est élevé à 1 336 francs46 excepté les photocopies. Les dix panneaux suivent un ordre chronologique :

- Lutte des Berbères contre les impérialismes antiques

- Islamisation, royaumes et empires maghrébins

- Conquête et colonisation française 1830 - 1926

- Naissance du mouvement national 1926 - 1954

- La guerre de Libération nationale 1954 - 1962

- L'après-guerre et la lutte pour le pouvoir 1962 - 1965

- Industrialisation et autoritarisme 1965 - 1978

- Economie de bazar et révolte sociale 1979 - 1991

- Boudiaf : l'espoir assassiné 1992

- Zéroual : le dialogue est-il possible ?

Planche n°9 de l'exposition sur l'histoire de l'Algérie

"Mohamed Boudiaf l'espoir déçu" (Archives Ayda 1996) photo personnelle.
 

Cette exposition a été utilisée lors de certaines conférences ou des soirées organisées par Ayda et lors de la tenue de stands. Elle permet d'une manière originale d'aborder l'histoire de l'Algérie depuis ses origines. Voici pour montrer un exemple de réalisation d'un panneau la photo de la neuvième partie consacrée à Mohamed Boudiaf et son assassinat. (voir page précédente).

 

Les 13-14 et 15 décembre 1997, Ayda a réuni plus de 40 associations (43 en comptant les lieux culturels), organisations politiques et syndicales ou bien encore des librairies et des lieux de cultures pour " la démocratie en Algérie ". Cette manifestation étalée sur 3 jours a été élaborée autour de plusieurs thèmes et des interventions festives, en soutien aux démocrates algériens. Elle était basée sur le lien avec l'Algérie et était sous-titrée : " Pour dire aux femmes et aux hommes en Algérie que leurs luttes et leurs résistances ne sont pas vaines. Pour que des mots et des musiques de fraternité et de solidarité volent au-dessus de la Méditerranée.47 " La coordination officielle pour Ayda a été mise en place par Akila Selmi. Ces journées ont débuté par une manifestation le 13 décembre, place du Capitole en soutien au peuple algérien. L'ensemble des activités qui ont couru sur ces trois jours ont été construites autour de la culture algérienne et de son théâtre. La pièce " Les émigrés " de Mrozeck a été jouée à deux reprises le samedi 13 et le dimanche 14 décembre. Le pianiste Rasko Zenocovic a donné un récital le samedi soir. Plusieurs films ont été projetés à la FOL, le dimanche après-midi et le début de soirée du lundi 15 décembre a été consacré à la rencontre à Ombres Blanches, avec l'auteur dramatique algérien, Slimane Banaïssa. Enfin la nuit s'est poursuivie au théâtre Sorano avec une invitation à la musique à la poésie et à la fête avec la chanteuse Malika Domrane, Slimane Benaïssa, Mediteranneedo et le groupe Motivés (issu pour une part du groupe Zebda). Le bilan d'activité 1997/1998 fait rapidement état de ces journées pour l'Algérie : " Manifestation (importante en nombre) pour dénoncer les massacres en Algérie, à l'appel d'Ayda et avec le soutien d'une quarantaine d'associations toulousaines. Semaine culturelle et politique autour du théâtre algérien en collaboration avec de nombreuses associations toulousaines, et en particulier le Réseau de Solidarité avec les Femmes Algériennes, le Théâtre D. Sorano, la Cave Poésie, et l'association Tackticollectif qui a permis de clore la semaine, par un concert de " Motivés " au théâtre Sorano." Ces manifestations plurielles, autour de la culture algérienne, en collaboration avec le milieu associatif, politique et syndical toulousain de gauche ont connu un succès important.

Ayda a été à l'initiative de plusieurs manifestations publiques à Toulouse. La plupart du temps, il s'agissait de mobiliser et de sensibiliser la population et d'interpeler les institutions sur les difficultés que connaissaient les réfugiés algériens. Le 29 juin 1994, au Mirail et à la Reynerie (Quartiers périphériques de Toulouse) en soutien à la manifestation qu'organisaient le MPR (Mouvement Pour la République) et le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie) à Alger pour demander la vérité sur l'assassinat du président Boudiaf, Ayda a appelé à un sitting ce même jour.

Elle a participé à la manifestation de Nantes, en mars 1995 sur la politique des visas dont le slogan était : " Un visa, Une vie ". Cette grande manifestation nationale était organisé par le Collectif pour l'accueil en France des demandeurs d'asile et exilés algériens dans la capitale historique de la Bretagne en raison du symbole que représente cette ville. En effet, elle concentre, depuis la décentralisation les services du Ministère des Affaires Etrangères relatif à la circulation des étrangers (et en particulier le Bureau des Visas Algériens), le service central des Français nés à l'étranger et les sous directions des naturalisations. Ayda en collaboration avec le Réseau de Solidarité avec les Femmes Algériennes a affrété un autobus pour faire l'aller - retour Toulouse-Nantes dans la journée du 25 mars. Cette manifestation a permis un rassemblement important des associations et collectifs oeuvrant pour une solidarité avec les démocrates algériens. Elle a dénoncé la politique française des visas qu'elle a stigmatisé en une phrase banderole : " En Algérie des personnes sont menacées de mort… et la France leur refuse l'asile…. Cela s'appelle non-assistance à personnes en danger.48 " En 1995 l'association a réagi aux attentats meurtriers qui ont touché la France au cours de l'été 1995 (par exemple l'attentat de la rame B du RER St Michel à Paris en juillet) en diffusant un tract intitulé : " Ceux qui assassinent chaque jour à Tizi-Ouzou, Oran ou Alger sont les mêmes que ceux qui veulent tuer à Villeurbanne et à Paris ". Ayda a organisé plusieurs manifestations à Toulouse dont celle du 17 octobre 1996 afin de rappeler les événement du 17 octobre 1961 qui ont coûté la vie à de très nombreux Algériens et d'interpeller les autorités préfectorales sur les difficultés immenses que devaient endurer les exilés algériens par rapport à leur statut juridique. Cette manifestation a été établie en relation avec la Coordination Grand Sud. Le 12 février 1997, à l'appel de 31 associations Ayda a participé à une manifestations aux Flambeaux à 19 heures place St Etienne à Toulouse. Ce rassemblement en soirée, était placé sous le signe de la solidarité avec les démocrates algériens. Les mots d'ordre de mobilisation dénoncent la collusion du pouvoir algérien avec une partie des islamistes dit modérés, ils interpellent les forces démocratiques françaises qui font preuve de passivité dans leur soutien à ces Algériens et demandent à la presse française de faire entendre l'ensemble des voix du mouvement démocratique algérien en ne le restreignant pas aux partis de Sant-Egidio.

Ayda a réagit très souvent à l'actualité algérienne et appelé à des rassemblements. Le 2 octobre 1997 à 18 heures 30, place du Capitole Ayda a appelé à une grande manifestation pour l'Algérie. Elle présente dans son tract les positions de l'organisation sur la crise algérienne et présente sept souhaits " pour une nouvelle politique d'accueil et de coopération49 " :

- " Souplesse dans l'octroi des visas qui sont actuellement quasi-systématiquement refusés

- Réouverture des consulats de France en Algérie aptes à délivrer ces visas

- Assouplissements, simplifications et normalisation des certificats d'hébergement

- Octroi d'un véritable statut, avec droit de résidence d'au moins une année et droit au travail pour les Algériens menacés de mort dans leur pays

- Rééquilibrage des rapports Nord-Sud de collaboration

- Aide aux associations françaises de soutien aux démocrates algériens

- Condamnation explicite des mouvements terroristes, de ceux qui les soutiennent ou les cautionnent50"

En défendant la démocratie en Algérie et en soutenant les démocrates en France, Ayda s'est engagée, dans la même démarche de soutien aux atteintes aux droits de l'Homme et la démocratie, au côté de plusieurs collectifs dans les manifestations qu'ils organisaient. Ainsi on retrouve la signature d'Ayda au bas des appels dénonçant le caractère répressif des lois Debré, au bas des tracts du collectif des Sans-Papiers ou bien encore de celui rejetant les idées du Front National et refusant la venue de ses leaders à Toulouse.

 

L'ensemble de ces manifestations, politiques, culturelles permettent d'appréhender les moyens qu'Ayda a utilisé pour faire connaître son action aux côtés des réfugiés algériens et met en lumière les efforts générés par l'association pour faire connaître la culture algérienne premiers pas dans le combat contre l'intolérance.