Méthodologie

  

Cela fait maintenant plus de huit ans que l'Algérie est engluée dans une crise intérieure grave que certains qualifient de " Guerre civile ". Ces violences atroces ont entraîné la mort de plusieurs milliers de personnes dans une indifférence relative de la communauté internationale. En effet, le quotidien très souvent dramatique de la population n'a été que peu évoqué sur les antennes et les journaux de l'Hexagone. (Cependant il faut mettre à la décharge des journalistes la difficulté d'obtenir un visa pour l'Algérie et les conditions de travail dans le pays qui sont très réglementées.)

Malgré la loi sur la concorde civile du président Abdelaziz Boutéflika en septembre 1999, les violences n'ont pas cessé bien que s'étant très fortement atténuées. Cet état de guerre larvée a amené plus de 400 000 Algériens à quitter leur pays. Cette émigration s'est faite progressivement, par petits groupes, souvent individuellement, et est passée relativement inaperçue. Mais les difficultés de ces immigrés en France ont été souvent considérables.

Je souhaitais faire ma maîtrise sur l'investissement de l'immigration algérienne dans le milieu associatif à Toulouse. Mais, fort justement, Mme Amrane m'en a dissuadée. Nous avons alors cherché conjointement un sujet et l'idée d'Ayda est venue. Je l'en remercie. Cette association toulousaine m'a gracieusement ouvert ses archives. Le choix de ce sujet d'histoire immédiate offre la possibilité de travailler sur plusieurs thèmes différents trouvant une attache commune dans l'histoire de cette organisation. Attachée à concept de démocratie, engagée au sein d'une organisation étudiante, sans-doute influencée par mes origines, (mes grands-parents paternels ont fui l'Espagne en 1939 pourchassés par les troupes franquistes et ils s'établirent en France ayant le statut de réfugiés politiques jusqu'à l'avènement de la Démocratie en Espagne) et très intéressée par les cultures maghrébines, j'ai voulu connaître plus précisément le sort de cette immigration algérienne bien particulière.

La période chronologique étudiée va de 1994 à 1999. Elle est limitée par la date de création (avril 1994) de l'association. Le choix de 1999 et non 2000 s'est effectué au regard de l'activité d'Ayda pour la période de janvier à juin 2000 et en raison de la proximité des recherches.

 

*Les sources

L'étude s'est effectuée à partir des archives de l'association, des archives privées de certains de ses membres qui ont été versées dans celle de l'association, qui ont bien voulu les mettre à ma disposition et des entretiens que j'ai effectués. Ces archives n'étaient pas du tout classées. J'ai du effectuer un recensement de ces pièces par années, les classer chronologiquement et établir un début de fichier sur papier, relevant les documents un par un et élaborant une très succincte présentation pour chacun d'eux. Cette démarche s'est effectuée sur plusieurs mois et m'a permis d'avoir une vue d'ensemble des activités et des prises de positions d'Ayda.

*La bibliographie

La bibliographie a été établie à partir des thèmes abordés dans cette étude, en rapport avec les activités de l'association. Plusieurs ouvrages ont été utilisés sur la crise algérienne afin d'essayer d'obtenir une vue élargie des points de vue apportés par ces différents auteurs. Des travaux sur l'immigration et la notion d'exil ont permis de développer le sujet consacré à l'histoire de l'exil à Toulouse. Les ouvrages sur le mouvement associatif et les réflexions sur l'engagement ont été utilisés pour tenter d'expliquer le fonctionnement de l'association et d'élaborer une réflexion sur l'engagement des hommes et des femmes qui ont fait Ayda. La complexité du système juridique s'appliquant aux étrangers a nécessité l'aide de plusieurs ouvrages sur la question. Les livres consacrés à la démocratie et ses différentes approches ont permis de mieux appréhender le concept même de démocratie. Les essais et les romans de Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni et Azouz Begag ouvrent un angle original et proposent un aperçu plus littéraire sur la crise algérienne. La recherche sur le " web " de sites Internet relatif à l'Algérie ou aux thèmes présentés ci-dessus a facilité certaines recherches notamment sur le plan juridique afin de consulter par exemple les conventions internationales. La proximité dans le temps de ces événements n'a pas encore permis d'établir de nombreuses études sur ce sujet.

Le mémoire de DEA de Mohamed Bahrour réalisé en 1997 constitue une des premières recherches sur ce mouvement de solidarité envers les démocrates algériens, à partir de 1993-1994 en France.

J'ai assisté dans l'année à quelques conférences sur la question algérienne notamment celle organisée à la salle du Sénéchal le 15 février 2000 par le Comité Pour la Paix Civile et la Démocratie en Algérie sur le thème " l'Algérie et maintenant " et celle, le 27 avril 2000 à la Cité Universitaire Chapou, organisée par des étudiants de l'école supérieure de commerce de Toulouse qui m'y ont conviée.

   

*Les sources écrites

Ces sources écrites se divisent en plusieurs catégories regroupant d'une part les archives de l'association et les archives privées de ses membres et d'autre part, certaines coupures de journaux afin de mesurer l'impact des manifestations conçues et/ou seulement réalisées par Ayda. L'accès aux archives m'a été possible du mois de novembre 1999 au mois d'avril 2000 grâce au prêt de la clé de son local par l'association. Cependant, le local étant situé dans une maison regroupant plusieurs associations je ne pouvais y accéder que lorsque l'une d'entre elles y était. Grâce à l'appui de Mohamed Bahrour et à la disponibilité de Aziz Chahoui, j'ai pu à partir du mois d'avril obtenir les clés des rideaux métalliques me remettant d'accéder au local librement. Je les en remercie tous les deux.

 

*Les archives de l'association et de ses membres

Ces archives sont très diversifiées. Mesurant 1,5 mètres, elles sont pour une grande part constituées de la revue "Asma " (parution trimestrielle de l'association de juin 1995 à septembre 1996) et de ses 6 numéros relayée par la revue "POUR " de porté nationale et n'émanant pas d'Ayda. Cette revue "Asma " d'une pagination conséquente et variable a été créé afin d'offrir la possibilité aux réfugié(e)s algérien(ne)s d'exprimer leur réalité quotidienne, leur sentiment sur le devenir de l'Algérie vers un public plus large. Les archives proprement dites sont constituées de plusieurs exemplaires de cette revue pour chaque numéro, du suivi financier et des maquettes de réalisation ainsi que du fichier des abonnés. Ces archives nous donnent dans un premier temps une idée du rayonnement et de l'importance d'Ayda dans le milieu social toulousain et permettent de travailler sur l'implication et les relations des deux communautés entre elles. Asma éclaire aussi sur la vision qu'avait la rédaction (donc indirectement d'Ayda) sur la crise algérienne.

Les archives de l'association sont constituées de certains tracts (en plusieurs exemplaires), de quelques affiches éditées à l'occasion de plusieurs manifestations. On trouve des photocopies de lettres officielles dans le cadre des relations extérieures. Mais ce fond est partiel et ne reflète pas toutes les démarches entreprises, car de nombreuses demandes et informations ont été communiquées par fax. Cependant, elles amènent une aide très précieuse sur l'activité de l'association et les relations institutionnelles qu'elle a créées et développées au cours de ces années là. Les rares lettres adressées aux adhérents permettent un suivi des actions d'Ayda et l'on peut établir à partir de celles-ci une étude des relations entre le bureau et les membres d'Ayda. Les documents officiels de la création de l'association (statuts, déclaration en préfecture, déclaration au journal officiel) n'ont été que partiellement conservés. Les compte-rendus des assemblées générales annuelles et les bilans financiers présentés à cette occasion ont été conservés en plusieurs exemplaires. Cependant, si plusieurs comptes rendus de réunions ont disparu ou non jamais été constituées, car l'association ne possédait qu'un cahier de compte-rendu des assemblées générales des militants s'étalant de septembre 1994 à juin 1997. Toutes les réunions hebdomadaires n'y ont pas été consignées mais il permet d'avoir une riche vision du fonctionnement de l'association et de ses débats internes. Ce cahier n'a été déposé au local d'Ayda qu'au mois de mars. On retrouve aussi plusieurs coupures de presse de journaux algériens et quelques articles de journaux français, notamment de la Dépêche du Midi relatifs aux actions d'Ayda. Il y a de nombreux dossiers de presse constitués par des associations algériennes sur les événements algériens. Ils se composent de plusieurs versements provenant de sources multiples. Le premier, le plus conséquent, a été déposé par l'actuelle vice-présidente d'AYDA, membre fondatrice, le second provient de l'actuelle secrétaire générale mais est constitué d'une quantité minime de documents et le troisième a été déposé au mois de mars par Mohamed Bahrour. On y trouve quelques tracts de l'association, certains exemplaires de journaux et des coupures de presse (notamment celle de la gazette d'Utopia), beaucoup de brouillons, des papiers annotés, des préparations de discours, de déclaration et de minutes d'assemblées générales, des ébauches de tracts, des lettres officielles remaniées, et quelques lettres manuscrites relatant les liens tissés au cours de différentes manifestations d'Ayda.

Outre le fait que ces archives nous renseignent sur le fonctionnement d'Ayda, on recueille ainsi, dans une certaine mesure, les hésitations, les inquiétudes, les joies, les espoirs de cette petite "entreprise de l'espoir ".

 

 *Les sources de presse

Ces sources n'apparaissent que de manière très infime car les difficultés liés à la fermeture, au déménagement entrepris cette année par plusieurs bibliothèques toulousaines ou aux collections incomplètes de la presse régionale (surtout la Dépêche du Midi) dans certaines bibliothèques ne nous ont pas permis d'approfondir une recherche qui aurait été cependant nécessaire.

 

*Les sources orales

Les sources orales ont été envisagées comme des sources aussi importantes que les archives écrites. En effet, elles permettent une approche originale de l'association par les gens qui l'ont faite. Elles offrent la possibilité de pourvoir approfondir, compléter ou bien informer sur les activités et les débats de l'association. Les entretiens ont été réalisés après avoir dépouillé la plus grosse partie des archives afin d'avoir une idée générale de l'association, de ses activités et de son fonctionnement. Ils ont été effectués au nombre de 7. Mais des entretiens téléphoniques ont aussi permis de compléter ces derniers et il est difficile de les quantifier. De plus, au hasard des amitiés, j'ai pu rencontrer certains étudiants qui avaient participé à Ayda et qui m'ont apporté des renseignements et des impressions très utiles dans mes recherches.

 

*Entretien réalisé le 16 février 2000 avec Monsieur Saïd Bessaïa, à Colomiers. Il est attaché parlementaire de la sénatrice Marise Bergé Lavigne.

 *Entretien réalisé le 17 mars 2000 avec Mohamed Bahrour à l'université Toulouse le Mirail. Exilé politique algérien, il est membre d'Ayda et s'est investi dans l'association

 *Entretien réalisé le 27 mars 2000 avec Zaïda Radja Mathieu au COMMED, membre fondatrice d'Ayda, puis l'a quittée en septembre 1994, elle est sociologue.

 *Entretien prévu le 30 mars 2000 avec Michel Didier, actuel président de l'association, professeur d'université. Entretien annulé à sa demande pour raisons graves de santé.

 *Entretien réalisé le 5 avril avec Georges Rivière dans un café, membre d'Ayda de 1994 à 1998, il l'a quittée pour fonder l'association ARCAM.

 *Entretien réalisé le 9 mai 2000 avec Geneviève Azam, vice-présidente de l'association, professeur d'université, dans son bureau à l'Université Toulouse le Mirail.

 *Entretien réalisé le 18 mai 2000 avec Mohamed Bahrour et Aziz Chahoui, à l'université Toulouse le Mirail, exilés politiques algériens, membres de l'association Ayda.

 *Entretien réalisé le 23 mai 2000 avec Georges Rivière et sa femme Hassina Hamaïli, à leur domicile, membre d'Ayda de 1994 à 1998 et membre d'Ayda de 1997 à 1998. Fondateurs de l'association ARCAM.